Coronavirus/matières premières : les perdants et les gagnants
Partie de Chine début décembre 2019, l’épidémie de grippe pneumonique s’étend désormais au reste de la planète, impactant dans son sillage l’ensemble de l’économie mondiale. Le marché des matières premières ne fait pas exception. Passage en revue des filières qui en souffrent… ou en tirent profit.
Pétrole
Alors que le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avertissait lundi 24 février que le monde était menacé de « pandémie », en raison de la progression du coronavirus Covid-19 (80 000 personnes contaminées dans le monde et plus de 2 700 morts comptabilisés), les cours du pétrole ont continué de s’effondrer, le baril de Brent s’échangeant à moins de 55 dollars à Londres. Un niveau qui n’avait plus été atteint depuis fin 2018. En cause, la demande d’or noir en provenance de Chine – le premier importateur mondial –, en chute libre. Celle-ci est en effet passée de 11 millions de barils/jour avant le début de l’épidémie à un peu plus de 7 millions, mi-février. Une très mauvaise nouvelle pour la filière pétrole africaine, qui vend en moyenne 42 % de sa production à l’Empire du Milieu, selon le rapport Africa Energy Outlook 2020 de la Chambre africaine de l’énergie, publié fin novembre.
Lire aussi : Dans le sillage du coronavirus, le FMI abaisse ses prévisions de croissance pour le Nigeria
Principaux pays touchés : Nigeria, Angola, Algérie, Gabon, Guinée Équatoriale, Congo…
Métaux : Cuivre, fer et zinc
Autre grand perdant de la crise économique liée au coronavirus, le cuivre. Depuis les premières annonces alarmantes effectuées dans la ville chinoise de Wuhan, le foyer originel de l’épidémie, les cours du métal rouge n’ont cessé de se contracter. Résultat, à la Bourse de Londres, le prix évolue désormais sous la barre des 5 700 dollars la tonne, en repli de plus de 13 % sur une année. De quoi donner des sueurs froides aux gouvernements congolais et zambiens, dont les revenus tirés de cette matière première représentent jusqu’à 70 % des recettes d’exportations. Une crainte que partagent aussi les grands producteurs de fer du continent (Mauritanie, Afrique du Sud, Algérie…), à l’heure où la tonne de métal est en repli de près de 30 % (autour de 86 dollars) depuis ses précédents plus hauts de juillet 2019, car très fortement corrélée aux besoins colossaux des clients chinois en temps normal (60 % des importations de fer mondial). Idem pour le zinc, extrait notamment au Maroc, en Namibie et en Afrique du Sud, dont les cours sont également au plus bas depuis juillet 2016.
Principaux pays touchés : RDC, Zambie, Afrique du Sud, Maroc, Mauritanie…
Huile de palme
Dans la filière agricole, l’année a très mal démarré pour l’huile de palme, touchée elle aussi par les inquiétudes concernant la propagation du coronavirus en Chine et dans le reste du monde, mais également par les récentes mesures prises par l’Inde pour réduire ses importations. Le cours de cette huile tirée des grains de palmier s’échangeait fin février à Kuala Lumpur – la place de référence de cette matière première –, aux environs de 2 600 ringgits (616 dollars) la tonne, soit plus de moitié moins que les sommets atteints en 2014, lorsque les prix approchaient les 5 000 ringgits. Une autre époque… Depuis, la valeur de l’huile de palme a fondu de près d’un sixième pour le seul mois de janvier, sa plus forte baisse mensuelle depuis six ans. Un repli spectaculaire qui ne fait assurément pas les affaires des pays africains producteurs, situés majoritairement le long du golfe de Guinée.
Principaux pays touchés : Côte d’Ivoire, Sierra Leone, Gabon, Cameroun, RDC…
Or
Alors que la planète s’affole à l’idée d’une nouvelle pandémie et que les cours des principales matières premières tanguent, l’or joue une fois de plus son rôle d’ultime valeur refuge. À près de 1 700 dollars l’once, le métal jaune est à son plus haut depuis sept ans, en hausse de 25 % sur 12 mois ! Et la progression pourrait encore se poursuivre, David Govett, analyste pour Marex Spectron estimant pour sa part que « plus la maladie s’étend et plus les titres de presse deviennent hystériques, plus le prix grimpera ». Un avertissement qui devrait sonner comme une douce mélodie aux oreilles des principaux pays africains producteurs d’or (Ghana, Soudan, Mali, Burkina Faso, Afrique du Sud). De fait, les grands opérateurs aurifères du continent (Harmony Gold, AngloGold Ashanti…), qui ont annoncé récemment leurs résultats financiers, s’en frottent déjà les mains.
Principaux pays bénéficiaires : Ghana, Mali, Burkina Faso, Afrique du Sud, Soudan…
Lire aussi : AngloGold Ashanti en forme olympique
Lire aussi : Le Sud-Africain Harmony Gold renoue avec les bénéfices